CONNAISSANCE DES ARTS – 2023 

MaîTRE d’art :ANNe midavaine l’art de la laque en héritage  

SILHOUETTE –  Hiver 2022 

Le renouveau du 13 PAIX

Traduction in English

MAGAZINE ‘SIGNATURES SINGULIERES’ par Pauline Fontaine – 2022 

ANNE MIDAVAINE LA LAQUE EN HERITAGE

FIGARO MAGAZINE par Guyonne de Montjou – 2022 

LA LAQUE POUR l’ETERNITE

Interview intramuros Paris – 2022

Atelier Midavaine : laqueur de grand-père en petite fille

Interview Cartier Savoir-Faire 2022 – Sebastian Herkner et Anne Midavaine racontent leur expérience de l’artisanat contemporain et des liens qu’ils créent entre des personnes, des générations, des expériences et des cultures différentes.

Interview FEV 2022 – Anne Midavaine dans l’Atelier, captation par drone 

Interview Goodmoods  2022 

 

Interview  –  janvier 2021

Bonjour Anne, vous dirigez l’Atelier Midavaine depuis…

Quand j’ai repris l’atelier suite à la disparition de mon père, nous étions en train de réaliser des joailleries pour la maison Chanel. Mon premier travail en tant que gérante de l’atelier Midavaine a été de réaliser toute la grande joaillerie de la place Vendôme, c’était tout de suite « sauter dans le grand bain ». 

Quel a été le premier mobilier ou décor de laque que vous avez réalisé à vos débuts ?

J’ai repris l’atelier Midavaine en 1994, à la suite de la mort de mon père. Il était dans une période où il avait commencé à faire de grandes joailleries Chanel dans le monde, dont Los Angeles. Il avait a mit au point le principe avec le décorateur et je me suis donc retrouvée,  à devoir gérer la joaillerie de la place Vendôme sur deux étages. C’était un démarrage dans le grand bain. 

Comment vous êtes vous décidez à prendre la direction de l’atelier Midavaine ? Le changement d’activité fut radical ? 

Je dois dire que c’est une question qui passionne tout le monde alors que pour moi, ça me semble tellement loin aujourd’hui. Cela fait maintenant vingts six ans que j’ai repris. Aujourd’hui ma vie est ici et la vie antérieur est classée dans un dossier antérieur.
Avant de reprendre l’atelier, j’étais chirurgien dentiste anthropologue. Quand mon père est décédé, la question ne s’est pas posée pour moi, j’ai choisi de venir à l’atelier qui a toujours été ma maison puisque j’y étais domiciliée quand j’étais enfant. J’y passais, c’était nos entrailles et notre lieux de vie. Aujourd’hui encore, la maison c’est l’atelier, quand on part en voyage, on part de l’atelier, quand on rentre, on revient d’abord à l’atelier. 

Quels sont vos architectes et designers préférés ?

Nos architectes et designers préférés aujourd’hui, ça va être ceux avec qui je vais travailler demain, puisque forcément  je préfère les gens qui m’aiment. On a vraiment un travail qui est au service, donc mon devoir c’est d’essayer d’ouvrir l’atelier à de nouveaux designers, à de nouveaux architectes et de donner cette possibilité. Je travail régulièrement avec Pierre-Yves Rochon, Winch, ect… Tous ces projets, c’est toujours l’avenir, c’est demain et demain nous appartient. 

Quel est votre plus beau challenge, le plus d’adaptabilité ?  

Mon plus beau challenge, c’est de faire tourner l’atelier. D’arriver à être le réceptacle du désir du décorateur, à comprendre ce qu’il veut, à le transmettre aux gens qui travaillent avec moi ; qui  sont des artistes et à essayer de manager tous ça vers l’exécution, la réalisation d’un projet dans son ensemble.  Pour nous, chaque projet est un challenge. Chaque fois, l’idée est de mettre toutes nos connaissances de laque ainsi que tout notre savoir faire pour la laque pour retranscrire l’idée de quelqu’un qui n’a pas forcément idée de ce qu’est la laque. C’est vraiment une adaptabilité à chacun et un challenge de réussite. 

Quelle est la définition parfaite du laqueur aujourd’hui ? 

Dans l’atelier Midavaine c’est, ne pas être un artiste mais être un artisan d’art. C’est à dire avoir tout son savoir faire sur la laque, toutes ses connaissances et pouvoir adapter l’ensemble à travers notre matériau et notre sensibilité vis à vis d’un projet qui souvent est en 3D et que nous, nous allons transformer en rêve de laque. 

Quel type de mobilier aujourd’hui utilise cette technique de laque d’art et d’or ? Classique ? Contemporain ? Que recherche le plus vos clients ? 

Nous faisons à la fois des boiseries, des panneaux décoratifs et du mobilier. Sur le mobilier, le plus courant, ce sont des ébénistes qui nous demandent de faire en s’inspirent de laques anciennes, des copies de meubles de prestige pour des palais. Aujourd’hui en panneaux décoratifs, on a le bonheur, l’avantage de travailler pour la maison Cartier avec qui on va concevoir des panneaux à chaque fois différents avec des techniques différentes pour des endroits différents. Pendant cette pandémie où on reste à l’atelier et où on a à peine le temps de vivre, nous voyageons dans notre tête entre Shangaï, Pékin, San Diego, Genève et parfois Paris. C’est la notre plus grand challenge. 

Pendant cette crise sanitaire comment les artisans, les architectes, les fournisseurs, tout cet ecosystem a pu tenir le coup ? Et va tenir le coup ? 

Le délai incompressible entre la première fois où l’on entend parler d’un projet, le fait de le réaliser, ainsi qu’un devis accepté est entre deux à quatre ans. Nous avons eut la grande chance d’avoir beaucoup de devis qui sont tombés juste avant la crise sanitaire. Toute la crise sanitaire a été de maintenir la production, pour pouvoir satisfaire les engagements des décorateurs. Aujourd’hui nous travaillons aussi à de nouveaux projets puisque nous sommes bientôt un ans après la crise sanitaire. La difficulté est donc peut-être d’obtenir des réunions où l’on puisse concrétiser. Pour cela on s’est tous mis sur des logiciels qui nous permettent de nous réunir par digital et puis de temps en temps pour les points cruciaux on se rencontre et le plus souvent à l’atelier. 

La plus part des panthères font parties des commandes de Cartier, quelle est l’histoire de cette panthère ? 

L’âge d’or de la laque, c’est la période d’art déco mais aussi la période des grands joaillers et de la maison Cartier. A ce moment là, mon grand-père représentait énormément d’animaux en laque et donc nous avons la chance de posséder un paravent avec des panthères fait par mon grand-père en 1935. Depuis nous travaillons avec la maison Cartier sur leurs différents panneaux décoratifs qui peuvent avoir des panthères qui répondent à l’esthétique Cartier, un petit peu différent de l’esthétique Midavaine au départ mais en ce moment il y a vraiment une symbiose mais aussi d’autres motifs que les panthères. L’art d’un laqueur comme nous exécutant est d’arriver à parler dans le domaine de nos clients. 

Comment se déroule la transmission de cet héritage culturel, ce savoir faire ancestral aux nouvelles générations ?  Quels sont les futures perspectives des métiers d’art ? 

La laque d’art fait partie des métiers d’art et des métiers rares. La façon dont elle s’enseigne, que ce soit à l’école Boule ou l’ENSAAMA  pendant deux ou trois ans est une ouverture sur ce métier puis après chaque grande maison a sa façon de faire ainsi que sa façon d’être. La transmission se fait en atelier, des sachants vers ceux qui ont envie de savoir. Dans cet atelier on est ensemble depuis  longtemps mais nous prenons des stagiaires de l’ENSAAMA et on essaye de les ouvrir à nos perspectives ainsi qu’ au fait d’être salariés d’un atelier et pas forcément artiste créateur. 

Vous faites partie des entreprises du patrimoine vivant ce label, vous-a-t-il permit de vous développer davantage d’un point de vue international ? 

Nous sommes entreprise du patrimoine vivant depuis la création du label en 2005. Nous avons été dans les premières entreprises qui ont été labelisé, cela nous donne une visibilité international. Cependant, on ne sait jamais ce que cela nous a apporté en plus puisque nous ne savons pas comment on aurait vécu sans ce label. La survie de ce label est compliquée, elle est limitée par les ministères de la culture, de l’artisanat et Bercy, c’est une reconnaissance pour les entreprises qui est nécessaire.

 

 

 


 

PODCAST THE CRAFT PROJECT

Podcast réalisé par Raphaëlle Le Baud 

 


Interview –  LAVERDURE par ANNE ZANONE – OCT 2021

 


Numéro spécial du magazine connaissances des Arts, dédié aux métiers d’arts

 

Connaissance des Arts

 


Interview par Andrea Machalova pour Bilan Magazine 

Anne Midavaine, une femme de poigne à la tête d’un atelier centenaire

Situé au cœur de Paris, l’atelier ouvert par son grand-père en 1919 réalise aujourd’hui des créations en laque pour les plus grandes marques de luxe.  

Du sang froid, un caractère bien trempé et un certain sens de management, voilà ce qu’il faut pour faire tourner un atelier de laque d’art situé en plein centre de Paris. Anne Midavaine coche toutes les cases. Chirurgienne dentiste et anthropologue de formation, la cinquantenaire (Anne : c’est gentil  plutôt jeune soixantaine ) ne se destinait pas à une telle carrière. Diplômée de la Smithsonian, une institution de recherche scientifique, créée sous l’égide de l’administration américaine à Washington, formée au FBI, elle s’est employée, au côté de de son mari, à élucider des crimes au moyen de la reconstitution faciale. Une partie de sa vie qu’elle souhaite désormais laisser derrière elle. “C’était super intéressant et en même temps terrible. Je ne peux plus voir de la violence, j’ai trop vu la réalité”, admet-elle. Une expérience qui lui permet aujourd’hui de relativiser dans son rôle de cheffe d’orchestre. “Il n’y a pas de question de vie ou de mort ici, juste à tenir les délais et respecter les mesures.”

Des chalets de Gstaad aux yachts XXL

S’adapter à l’évolution du marché et aux demandes des clients, tel est son secret de longévité. “Lorsque j’ai repris l’atelier en 1995, nous faisions encore 24 tables basses par mois pour des grossistes à New York. Cela n’existe plus. Petit à petit, nous nous sommes concentrés sur le luxueux.” Parmi ses clients, on retrouve la jet set du monde entier, de Russie au Japon, en passant par Gstaad et ses chalets huppés, des propriétaires de yachts XXL, ainsi que les plus grandes marques de luxe. Depuis une vingtaine d’années, ce sont elles qui font tourner l’atelier. Un paravent porte-broches en laques de Coromandel pour Chanel, une commode aux reflets vert émeraude pour Boucheron ou des commodes présentant des plumes de paon pour Chopard, les créations qui sortent de chez Midavaine sont toutes uniques. Pour les découvrir, c’est du côté de la place Vendôme qu’il faut se rendre. “Sa place”, comme dit fièrement la maîtresse des lieux, qui vient d’habiller le bar du nouvel hôtel Bulagri à Paris. Pour cette commande, il a fallu réaliser 140 m2 de panneaux recouverts de peinture noire et de laque craquelée. Une technique développée à l’interne. Un projet qui a demandé deux ans de travail à son équipe, aujourd’hui composée de sept artisans.

À Genève, c’est dans la boutique Cartier, récemment rénovée, que s’exhibent ses panneaux de bois décorés à la nacre et la feuille d’or. “Les premières panthères, c’est mon grand-père qui les avait dessinées en 1935, il était laqueur animalier.” Sortant des beaux arts de Roubaix , grand mutilé ,fait prisonnier par les Allemands lors de la première guerre mondiale, c’est auprès d’eux qu’il a rencontré la laque . “On s’était rendu compte que pour éviter que les hélices des avions ne gèlent en vol, il fallait les recouvrir de laque. Les Allemands avaient fait venir des laqueurs chinois, c’est auprès d’eux que mon grand-père s’est formé.” Sans oublier le Woodward, le cinq-étoiles genevois récemment ouvert, dont l’atelier a réalisé les portes des mini-bars, une commode, ainsi que l’ascenseur tout de rouge vêtu, rappelant l’écrin d’un célèbre joaillier.

Travailler pour l’élite, cela n’a pas toujours été le cas chez Midavaine. Pendant les trente glorieuses, la laque chinoise connaît un Âge d’or, la classe moyenne peut alors s’offrir des commodes, des meubles télévision et des tables basses. C’est au début des années 2000 que la situation change. L’atelier passe alors du semi-industriel au sur-mesure. Comptez 2000 à 7000 euros le mètre carré. Pour compenser le manque à gagner lorsque la demande est en berne, les bénéfices de l’entreprise sont réservés et servent à maintenir  les salaires pendant les mois creux.

Il y a un intéressement pour les salariés ce qui participe à l’implication de chacun .Aujourd’hui, c’est sur Instagram que la cheffe d’atelier part à la conquête de nouveaux clients. “Faire un métier de tradition tout en s’inscrivant dans la modernité, c’est là tout l’enjeu”, conclut-elle.